L’intelligence artificielle est sur toutes les lèvres, et on dit tout et n’importe quoi à son sujet. Distinguer les prospectives raisonnables des prophéties délirantes est un impératif catégorique pour l’honnête homme du XXIème siècle.
Un premier problème que pose l’expression « Intelligence Artificielle » est le singulier du mot « Intelligence » dans cette formule. Or l’intelligence n’a pas qu’une seule dimension, mais des centaines.
Et si l’on se reporte à l’excellente définition proposée par Luc Julia, auteur de L’Intelligence Artificielle n’existe pas (First, 2019), on doutera de l’intelligence de nos machines : pour cet informaticien, l’intelligence est « la capacité de casser les règles, d’innover, de s’intéresser à ce qui est différent, à ce que l’on ne connaît pas […] elle est dynamique, globale, capable d’abstractions et susceptible d’évoluer au cours du temps ».
L’expression « Intelligence Artificielle » est née en 1956, lors de la conférence du Dartmouth College de Hanover (New Hampshire).
L’informaticien John Mc Carthy y proposa le terme « intelligence artificielle » (artificial intelligence en anglais) qui relevait en réalité d’un vœu pieux, mais qui fut acceptée sans discussion par les scientifiques réunis autour de lui.
La puissance de calcul et la prodigieuse rapidité de nos ordinateurs permettent de remplacer les hommes par des algorithmes dans des secteurs toujours plus nombreux (économie, médecine, armée, domotique, etc.).
Faut-il pour autant accorder le moindre crédit aux extravagantes prophéties d’un Sergey Brin (cofondateur de Google), ou d’un Ray Kurzweil qui dirige l’Université de la Singularité ?
Ces prophètes oublient systématiquement les limites physiques, industrielles, et énergétiques.
Rien n’autorise à affirmer que les ordinateurs seront bientôt en mesure de se perfectionner jusqu’à s’emballer, nous dépasser et devenir autonomes.
Il faut continuer à parier sur l’homme et sur la vie, autrement dit à parier sur l’éducation, sur le cerveau biologique, sur l’intelligence humaine, sur la culture générale, ainsi que sur la dimension morale de l’humain.
Mais ces paris supposent que nous soyons capables de surmonter ce que le philosophe Gunther Anders dénommait il y a plus d’un demi-siècle notre « honte prométhéenne ».
Le bulletin officiel
Retrouvez dès maintenant le numéro 120 du bulletin officiel de l’association qui sera diffusé à l’occasion de cette séance :
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L’intervenant : Philippe Granarolo
Philippe Granarolo est né en 1947 à Toulon. Agrégé de l’Université et Docteur d’État en Philosophie, il a consacré sa thèse au futur dans l’oeuvre de Nietzche.
Professeur honoraire de Chaire Supérieure, il est Adjoint à la Culture et à l’Education de la ville de La Garde, officier des Palmes Académiques et membre actif de l’Académie du Var. Philippe Granarolo est également président de l’association.
Il animera ce soir pour la cinquantième fois une séance du Café Philo La Garde.