Nous sommes tous aujourd’hui les adeptes plus ou moins volontaires de la « connexion permanente » (messageries électroniques, Facebook, Twitter, Google, etc.). L’homo sapiens est-il pour autant devenu homo numericus ?
Sommes-nous en train de vivre une révolution au moins aussi importante que celle qui fut engendrée au XVe siècle par l’invention de l’imprimerie ? Ou bien nous leurrons-nous quant à l’importance de technologies certes séduisantes, mais qui ne bouleversent pas nos civilisations autant que nous l’imaginons ? Cette question servira de fil conducteur à notre propos.
Nous sommes entrés dans l’ère de la « connexion permanente », qui ne nous laisse aucun répit : c’est ce qu’affirment les auteurs d’un récent ouvrage, La condition numérique, l’un des meilleurs sur le sujet, sur lequel nous nous appuierons. Mais avant d’esquisser une réponse à la question initiale, deux préalables s’imposent. Le premier est de réfléchir aux prodiges de la numérisation.
Sans la numérisation, en effet, aucune des technologies auxquelles nous avons quotidiennement recours, n’aurait été possible. Nous suivrons donc pas à pas l’histoire de cette numérisation, dont les prémisses remontent au XVIIe siècle.
Le second préalable est de parcourir sommairement l’histoire du « World Wide Web », et de célébrer les grands inventeurs qui ont contribué à sa mise en place. Nous résumerons au maximum ces rappels peut-être un peu fastidieux mais indispensables.
Cet historique étant tracé, il sera temps de se pencher sur les critiques les plus récurrentes qui dénoncent l’usage excessif que nous ferions tous, à des degrés divers, des réseaux auxquels nous recourons quotidiennement. Sans devenir nécessairement des Hikikomoris, ces Japonais ne quittant plus leur appartement et rivés du matin au soir sur leurs écrans, les internautes que nous sommes sont dans leur immense majorité reliés chaque jour à toute la planète. On les accuse de vivre dans le virtuel, d’avoir perdu le sens des réalités.
Nous balaierons ces critiques naïves pour centrer nos analyses sur ce qui fait réellement problème, et qui est rarement mis en évidence par les intellectuels : le cercle vicieux dans lequel nous tombons, le jeu de miroir entre les écrans qui nous entourent et nos représentations. Les belles analyses de Valérie Charolles, auteur d’une récente Philosophie de l’écran, nous aideront à conduire nos réflexions. Le vrai danger n’est-il pas là, en effet, magnifiquement résumé par Eli Pariser dénonçant « une invisible propagande qui nous endoctrine avec nos propres idées » ?
Philippe Granarolo compte sur l’expérience de « connecté permanent » que nous avons à peu près tous pour approfondir l’interrogation et enrichir notre débat.
Le bulletin officiel
Retrouvez dès maintenant le numéro 61 du bulletin officiel de l’association qui sera diffusé à l’occasion de cette séance :
Pour le télécharger au format PDF, rendez-vous en bas de cet article (dans la zone “document à télécharger”) ou dans la rubrique Bulletins officiels.
L’intervenant : Philippe Granarolo
Philippe Granarolo est né en 1947 à Toulon. Agrégé de l’Université et Docteur d’État en Philosophie, il a consacré sa thèse au futur dans l’oeuvre de Nietzche.
Professeur honoraire de Chaire Supérieure, il est conseiller communautaire à la Culture de la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée, officier des Palmes Académiques et membre actif de l’Académie du Var. Philippe Granarolo est également président de l’association.
Il animera ce soir sa trente-quatrième séance du Café Philo La Garde.