Antigone incarne pour l’éternité l’opposition du légal et du légitime : les principales étapes de l’affrontement qu’elle symbolise sont riches d’enseignements pour nos nos sociétés, nous les aborderons ce soir pour cette troisième séance de la saison 2017/2018.
Depuis vingt-cinq siècles et la tragédie de Sophocle qui lui est consacrée (441 av. J.-C.), le personnage d’Antigone, fille et sœur d’Œdipe, descendante de la famille royale des Labdacides fascine et interroge.
Peut-être parce qu’elle serait, si l’on en croit Henry Bauchau, « la première apparition d’une femme ayant une pensée libre, indépendante de celle des hommes » (Journal d’Antigone, Actes Sud, 1999) – ce qui suffirait à la rendre très actuelle.
Dès l’antiquité elle est perçue comme une incarnation de la résistance, celle qui l’oppose à la tyrannie de son oncle Créon, celle qui lui fait refuser des lois modernes jugées injustes et contraires à la tradition, celle qui la fait se confronter à un destin impitoyable et lui fera préférer la mort au compromis.
Après une éclipse, ce personnage tragique appartenant aux plus anciennes légendes, est réapparu en Occident à partir du XVIe siècle pour devenir une figure de référence prenant la dimension d’un mythe moderne.
Il a inspiré des centaines d’œuvres littéraires, tragédies, poésies, romans, allant de la simple traduction aux re-créations les plus innovantes, plus de trente opéras comme le suggère George Steiner, auteur d’un essai appelé précisément Les Antigones (Gallimard, 1986), de multiples commentaires philosophiques de Hegel, Kierkegaard ou Bernard-Henri Lévy.
Comment expliquer un tel attachement à cette figure féminine érigée au rang d’héroïne pour nos temps incertains ?
Quelle est la réalité du message qu’elle veut nos transmettre ? Celui-ci est-il toujours d’actualité ? Doit-il être accepté dans sa totalité ? Ne contient-il pas des ambiguïtés que les auteurs et penseurs modernes, tels Barrès, Brecht ou Anouilh (parmi d’autres), ont souhaité souligner ? Que penser aujourd’hui, en définitive, de la « fraternelle et coupable Antigone », comme l’écrivait joliment Charles Péguy ?
Le bulletin officiel
Retrouvez dès maintenant le numéro 103 du bulletin officiel de l’association qui sera diffusé à l’occasion de cette séance :
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L’intervenant : Yves Stalloni
Yves Stalloni est agrégé de lettres modernes, docteur d’État ès lettres, professeur honoraire de Chaire supérieure.
Il a fait l’essentiel de sa carrière à Toulon, au Lycée Dumont d’Urville où il eut en charge les Classes préparatoires (HEC notamment) et la classe de Première supérieure (Khâgne). Avec, occasionnellement, une fonction de chargé de cours à l’Université de Toulon.
Il est Membre titulaire de l’Académie du Var, et l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, de nombreuses éditions critiques et d’environ 300 à 400 articles parus dans des revues diverses.
Il animera ce soir pour la septième fois une séance du Café Philo La Garde.