Être heureux avec, et non pas être heureux comme Nietzsche : c’est à dire apprendre à combattre avec ce maître exceptionnel qu’est Nietzsche tous les facteurs qui contribuent à notre malheur. C’est ce que nous ferons ce soir pour la troisième séance 2016/2017 du Café Philo La Garde.
La première doctrine dans l’histoire des civilisations à être partie de l’idée que nous sommes malheureux et que nous avons la capacité de vaincre la souffrance est le bouddhisme, que Nietzsche a découvert en lisant son premier maître Arthur Schopenhauer.
Or supposer un bouddhisme nietzschéen semble a priori une aberration, la philosophie de Nietzsche contredisant apparemment tous les piliers du bouddhisme : l’illusion du « Moi », la valeur de la compassion, et l’idée d’une conduite juste et d’une pratique régie par des règles strictes.
Mais l’individualisme nietzschéen est le contraire de ce que l’on croit souvent. Nietzsche n’a de cesse de dénoncer le narcissisme, le repli sur soi, l’ignorance de notre interdépendance avec la totalité. Et que signifie la dénonciation nietzschéenne de la pitié ?
C’est une dénonciation de l’idée selon laquelle la pitié serait la vertu première, autrement dit de l’idée selon laquelle il faudrait sans cesse se préoccuper des autres sans se préoccuper de soi.
Enfin, si Nietzsche est l’ennemi acharné de tout ce qui est normatif et stéréotypé, que signifie en réalité cet « anarchisme » nietzschéen ?
C’est un rejet de toutes les règles externes qui nous sont imposées sans explication pour nous formater. Il ne s’agit en rien de faire l’apologie du laisser-aller et de la facilité.
Il existe pour Nietzsche quatre sources essentielles de la souffrance : le mauvais usage de notre conscience, le regard que nous portons sur nous-même, le regard que nous portons sur les autres, et notre incapacité à nous émerveiller. Apprendre à connaître ces sources de souffrance est l’unique chemin qui peut nous conduire au bonheur.
Mais toutes ces sources de souffrance ont en définitive une seule cause, notre conception du temps.
Derrière tous nos ressentiments se cache une unique condamnation, la condamnation d’une réalité (individuelle et collective) qui n’a pas été ce que nous aurions aimé qu’elle soit.
Cette condamnation de la réalité est la source des croyances et des idéologies.
La « rédemption » dont parle Nietzsche, c’est donc la réconciliation avec la réalité, et pour que cette réconciliation fonctionne, il faut apprendre non seulement à « supporter » le réel (attitude stoïcienne) mais à vouloir ce qui a été et ce qui est.
Le bulletin officiel
Retrouvez dès maintenant le numéro 93 du bulletin officiel de l’association qui sera diffusé à l’occasion de cette séance :
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L’intervenant : Philippe Granarolo
Philippe Granarolo est né en 1947 à Toulon. Agrégé de l’Université et Docteur d’État en Philosophie, il a consacré sa thèse au futur dans l’oeuvre de Nietzche.
Professeur honoraire de Chaire Supérieure, il est Adjoint à la Culture et à l’Education de la ville de La Garde, officier des Palmes Académiques et membre actif de l’Académie du Var. Philippe Granarolo est également président de l’association.
Il animera ce soir pour la quarante-troisième fois une séance du Café Philo La Garde.