Présentation du Café Philo du 18 janvier 2013, « La violence éducative »

Présentation du Café Philo du 18 janvier 2013, « La violence éducative »
Ordinaire, trop ordinaire, la violence physique et psychologique envers les enfants ne contribue-t-elle pas à rendre acceptable la violence des adultes et à empoisonner nos sociétés ?

On dénonce avec raison la maltraitance, celle qui laisse des marques visibles et tue en France deux enfants par jour. Mais les associations qui luttent contre la maltraitance sont souvent indifférentes à ce qui en est le terreau: la violence éducative ordinaire, c’est à dire le niveau de violence psychologique, verbale et physique que l’on juge normal d’utiliser pour faire obéir les enfants. Alors que l’on considère comme une cruauté de frapper un animal, une agression de frapper un adulte, frapper un enfant nous paraît éducatif.

Ce comportement universel et au moins cinq fois millénaire, mais pourtant acquis et nullement inné, a eu, dans l’histoire de l’humanité des conséquences incalculables. Une des principales et des plus pernicieuses est de se faire remarquablement oublier par les adultes qui l’ont subi. Par leur esprit du moins, mais pas par leur corps qui, le plus souvent les amène à le répéter sur leurs propres enfants. La violence que nous avons subie nous sert obscurément de norme pour juger du degré acceptable de violence à infliger aux enfants. La gifle et la fessée nous paraissent éducatives en France, mais, exactement de la même façon, la bastonnade et la flagellation à ceux qui les ont subies et qui les ont vues couramment pratiquées autour d’eux. Ainsi, la violence subie nous apprend à trouver la violence normale, mais, pire encore peut-être, la violence nous apprend à nous soumettre à la violence.

Les connaissances que nous avons aujourd’hui nous permettent de comprendre la nocivité des diverses formes de violence sur les cerveaux en formation et notamment sur les comportements innés des enfants : attachement, imitation, empathie….

Mais ce qui est à peine croyable, c’est que les effets de la violence éducative se font sentir à tous les niveaux, et même dans les travaux scientifiques sur la violence humaine. La violence éducative y est systématiquement oubliée, elle est « un trou noir dans les sciences humaines », alors que, quantitativement et qualitativement, par ses effets sur le comportement des adultes, elle est d’une importance capitale. On peut même en voir les effets sur les raisonnements des philosophes, mais aussi dans la religion et notamment dans l’évolution du christianisme et sa surdité aux paroles de Jésus sur les enfants.

La violence éducative nous concerne tous, en tant qu’anciens enfants, en tant que parents, en tant qu’adultes qui en sont souvent marqués plus qu’ils ne le croient. Voir notre vie et notre personnalité sous l’angle de ce que nous avons subi enfants, ou de ce qui nous a été épargné, peut être une révélation pour chacun de nous.

 

Le bulletin officiel

Retrouvez dès maintenant le numéro 55 du bulletin officiel de l’association qui sera diffusé à l’occasion de cette séance :

Pour le télécharger au format PDF, rendez-vous en bas de cet article (dans la zone “document à télécharger”) ou dans la rubrique Bulletins officiels.

 

L’intervenant : Olivier Maurel

Olivier MaurelOlivier Maurel est né en 1937 à Toulon où il a été professeur de 1965 à 1997. Préoccupé par le problème de la violence, il a été amené par la lecture des livres d’Alice Miller à un travail de recherche sur la violence éducative.

Il est l’auteur, entre autres ouvrages, de La Fessée, Questions sur la violence éducative (La Plage, 2004) ; Œdipe ou Laïos, dialogue avec Michel Pouquet sur l’origine de la violence (L’Harmattan, 2003), Oui, la nature humaine est bonne (Robert Laffont, 2009) et La Violence éducative, un trou noir dans les sciences humaines, (L’Instant présent, 2012).

Il animera vendredi soir pour la troisième fois une séance du Café Philo La Garde.

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